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le lendemain matin, comme il ne restait plus rien des Équinoxes,
puisque la Précession avait précédé conformément
aux précédent, cet insatiable Enfant Éléphant
prit cinquante kilos de bananes (des petites rouges), cinquante kilos de
canne à sucre (de la longue violette) et dix-sept melons (des verts
croquants) et il dit à sa famille : « Au revoir. Je vais au
grand Fleuve Limpopo, aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses,
bordées d’arbre à fièvre, afin de savoir ce que le
Crocodile mange au dîner. »
Alors, tous ensemble ils lui donnèrent une
fessée de plus pour lui porter chance, quoiqu’il leur demandât
bien poliment d’arrêter.
Puis il s’en alla, un peu échauffé,
mais pas du tout étonné, tout en mangeant des melons et en
jetant la peau car il ne pouvait pas la ramasser. Il alla de Grahamstown
à Kimberley et de Kimberley à Khamascountry, et à
Khamascountry il prit la direction du nord-est, et en continuant à
manger des melons jusqu’à ce qu’enfin il atteignît les rives
du grand Fleuve Limpopo, aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses,
bordé d’arbres à fièvre, exactement comme l’avait
décrit l’Oiseau Kolokolo.
Tu dois savoir et comprendre, ô ma Mieux-Aimée,
qu’avant cette semaine-là, et ce jour, cette heure, cette minute,
l’insatiable Enfant Elephant n’avait jamais vu un Crocodile et ne savait
pas à quoi ça ressemblait. Tout ça faisait son insatiable
curiosité.
La première chose qu’il vit fut un Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore
enroulé autour d’un rocher.
« ’Scusez-moi, dit l’Enfant Éléphant
très poliment, mais avez-vous vu une chose ressemblant à
un Crocodile dans ces parages hétérogènes. »
« Si j’ai vu un Crocodile ? répéta
le Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore d’un ton d’absolu mépris. «
Que vas-tu me demander ensuite ? »
« ’Scusez-moi, dit l’Enfant Éléphant,
mais auriez-vous l’obligeance de me dire ce qu’il mange au dîner
? »
Alors le Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore se désenroula
r apidement du rocher et il donna une fessée à l’Enfant Éléphant
avec son écailleuse queue flagelleuse.
« C’est étrange, dit l’Enfant Éléphant.
Mon père et ma mère, mon oncle et ma tante, sans parler
de mon autre tante la Girafe et de mon autre oncle le Babouin, m’ont
tous donné la fessée pour mon insatiable curiosité,
et je suppose que vous faites la même chose pour la même
raison. »
Sur ce, il prit congé très poliment
du Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore après l'avoir aidé
à se réenrouler autour du rocher et il poursuivit
son chemin, un peu échauffé, mais pas du tout étonné,
en mangeant des melons et en jetant la peau car il ne pouvait pas
la ramasser ; jusqu’à ce qu'il posât la patte sur ce
qu’il prit pour une bûche, juste au bord du grand Fleuve
Limpopo aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, bordé
d’arbres à fièvre.
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